Post by Frederico L. Bertol on Oct 14, 2010 12:25:08 GMT -3
Pourquoi si peu de Brésiliens étudient la langue française ? Voici une langue que j'admire depuis l'avoir entendu de la voix de mon père quand il a échangé des mots d’amour avec ma mère. Au Brésil, les francophones ne sont que 570.000 sur une population de près de 200 millions, selon une estimation optimiste de l'ambassade française. Mais la question, d'abord sans effet, se pose lorsque nous considérons la relation historique de longue date entre le Brésil et la France.
Peu de gens savent à quel point nous étions près d'être colonisé par les français. Lorsque les portugais sont arrivés sur nos côtes par la première fois, l'Europe venait de traverser une série de problèmes politiques et religieux. Le fait est que certains aventuriers français ont décidé d'échapper à la confusion pour se rendre à un paradis sur lequel tout le monde chuchotait aux ports. A cette époque, milieu du XVIe siècle, les paquets touristiques étaient si trompeurs comme aujourd'hui, et la réalité des "Tristes Tropiques" se montra plein de malheurs. Mais malgré la chaleur, les insectes piqueurs et les tribus de cannibales, les pauvres navigateurs ont réussi à se établir pendant quelques années sur la côte brésilienne. Et ils y trouvaient un bois qui «saigne», le pau-brasil (bois-brésil), de grande valeur économique, parce qu’on pourrait en extraire une encre de couleur rouge, et le rouge était à la mode dans les cours européennes (pensez à la tapisserie de Louis XIV!). Bien que la principale colonie française, la France Antarctique, a été construite sur une belle plage de Rio de Janeiro, elle n’a pas resistée aux assauts des portugais qui revendiquaient la possession du Brésil.
De nombreuses années passèrent sans que la langue française ait été parlée ici. Mais quand Napoléon a attaqué le Portugal au XIXe siècle, la cour portugaise est contraint de fuir de l'Europe en bateau. Destin? Exactement la plage où avait été fondée la France Antarctique. Il ne faut pas longtemps pour la cour se rendre malade, après tout, nous n'étions pas préparés pour répondre aux besoins culturels de l'élite européenne. La France, d'ailleurs, était le centre de la sophistication culturelle, et en pensant à ça le roi D. Jean VI convoqua un groupe d'artistes français avec l’objectif de «civiliser» l'environnement de la cour. La Mission artistique française, comme elle fut appelée, ouvra le milieu artistique brésilien. Jean Baptiste Debret, le membre le plus important de la Mission, a été essentielle pour l'enregistrement – bien que peu réaliste - de la société brésilienne. En outre, son portrait de D. Jean VI est presque une réplique du célèbre portrait de Louis XIV peinte par Rigaud, démontrant commentnotre monarchie a cherché de poursuivre l'expérience française.
Ensuite, au XXe siècle, la tendance à rechercher en France des mentors pour une entreprise culturelle a pleinement atteint les universités brésiliennes, dont la structure est directement dérivée du modèle français. Quand nos universités publiques étaient en formation, l’USP (Université de Sao Paulo) a convoqué une autre Mission, cette fois composée d'enseignants, parmi lesquels se trouvaient Roger Bastide, Claude Lévi-Strauss et Fernand Braudel. De la période qu’ils ont resté ici, nous sentons les effets jusqu'à aujourd'hui par les générations suivantes de sociologues, d'anthropologues et d'historiens. Un peu plus tard, le couple Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir a visité les universités brésiliennes, en encourageant les étudiants pendant un moment de sérieuses troubles politiques. Il est difficile de mesurer l'impact de ces penseurs sur la jeunesse intellectualisée. Mais en 1964, l’année du coup d'Etat militaire qui a installé une dictature au Brésil, cette passion a été enterré par force, et peut-être pour cette raison on ne parle pas beaucoup ici du Mai 68 – après tout, comment pourrait un movement social qui proposait une complexe et multiforme réforme du système faire écho dans tel contexte ? Peu à peu, les idées importées des États-Unis, le financier de notre dictature, prenaient le lieu de l’esprit révolutionnaire français.
Maintenant je répète la question: pourquoi si peu des brésiliens étudient la langue française ? Une partie de la réponse se trouve dans la vision que nous avons de la France contemporaine. Si avant elle était l’annonceure de la fraternité et le centre questionneur des normes de la société occidentale, aujourd'hui elle est le théâtre d'actes xénophobes et un pays qui tombe lentement dans le conservatisme. Le milieu intellectuel et culturel ne s'adresse plus à la France pour obtenir des conseils car elle-même semble être perdue dans son identité, et par conséquent les jeunes ne trouvent pas la motivation pour étudier la langue d’amour et de la diplomatie. Pourtant, un étudiant brésilien sur quatre de ces qui reçoivent des bourses d'études choisissent la France comme pays de destination. La région francophone du Québec est également une destination majeure pour les étudiants brésiliens. Comme dans touts les rapports, celui-ci est aussi contradictoire.
Écrit par Frederico Licks Bertol, éditeur du www.correiointernacional.com
Peu de gens savent à quel point nous étions près d'être colonisé par les français. Lorsque les portugais sont arrivés sur nos côtes par la première fois, l'Europe venait de traverser une série de problèmes politiques et religieux. Le fait est que certains aventuriers français ont décidé d'échapper à la confusion pour se rendre à un paradis sur lequel tout le monde chuchotait aux ports. A cette époque, milieu du XVIe siècle, les paquets touristiques étaient si trompeurs comme aujourd'hui, et la réalité des "Tristes Tropiques" se montra plein de malheurs. Mais malgré la chaleur, les insectes piqueurs et les tribus de cannibales, les pauvres navigateurs ont réussi à se établir pendant quelques années sur la côte brésilienne. Et ils y trouvaient un bois qui «saigne», le pau-brasil (bois-brésil), de grande valeur économique, parce qu’on pourrait en extraire une encre de couleur rouge, et le rouge était à la mode dans les cours européennes (pensez à la tapisserie de Louis XIV!). Bien que la principale colonie française, la France Antarctique, a été construite sur une belle plage de Rio de Janeiro, elle n’a pas resistée aux assauts des portugais qui revendiquaient la possession du Brésil.
De nombreuses années passèrent sans que la langue française ait été parlée ici. Mais quand Napoléon a attaqué le Portugal au XIXe siècle, la cour portugaise est contraint de fuir de l'Europe en bateau. Destin? Exactement la plage où avait été fondée la France Antarctique. Il ne faut pas longtemps pour la cour se rendre malade, après tout, nous n'étions pas préparés pour répondre aux besoins culturels de l'élite européenne. La France, d'ailleurs, était le centre de la sophistication culturelle, et en pensant à ça le roi D. Jean VI convoqua un groupe d'artistes français avec l’objectif de «civiliser» l'environnement de la cour. La Mission artistique française, comme elle fut appelée, ouvra le milieu artistique brésilien. Jean Baptiste Debret, le membre le plus important de la Mission, a été essentielle pour l'enregistrement – bien que peu réaliste - de la société brésilienne. En outre, son portrait de D. Jean VI est presque une réplique du célèbre portrait de Louis XIV peinte par Rigaud, démontrant commentnotre monarchie a cherché de poursuivre l'expérience française.
Ensuite, au XXe siècle, la tendance à rechercher en France des mentors pour une entreprise culturelle a pleinement atteint les universités brésiliennes, dont la structure est directement dérivée du modèle français. Quand nos universités publiques étaient en formation, l’USP (Université de Sao Paulo) a convoqué une autre Mission, cette fois composée d'enseignants, parmi lesquels se trouvaient Roger Bastide, Claude Lévi-Strauss et Fernand Braudel. De la période qu’ils ont resté ici, nous sentons les effets jusqu'à aujourd'hui par les générations suivantes de sociologues, d'anthropologues et d'historiens. Un peu plus tard, le couple Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir a visité les universités brésiliennes, en encourageant les étudiants pendant un moment de sérieuses troubles politiques. Il est difficile de mesurer l'impact de ces penseurs sur la jeunesse intellectualisée. Mais en 1964, l’année du coup d'Etat militaire qui a installé une dictature au Brésil, cette passion a été enterré par force, et peut-être pour cette raison on ne parle pas beaucoup ici du Mai 68 – après tout, comment pourrait un movement social qui proposait une complexe et multiforme réforme du système faire écho dans tel contexte ? Peu à peu, les idées importées des États-Unis, le financier de notre dictature, prenaient le lieu de l’esprit révolutionnaire français.
Maintenant je répète la question: pourquoi si peu des brésiliens étudient la langue française ? Une partie de la réponse se trouve dans la vision que nous avons de la France contemporaine. Si avant elle était l’annonceure de la fraternité et le centre questionneur des normes de la société occidentale, aujourd'hui elle est le théâtre d'actes xénophobes et un pays qui tombe lentement dans le conservatisme. Le milieu intellectuel et culturel ne s'adresse plus à la France pour obtenir des conseils car elle-même semble être perdue dans son identité, et par conséquent les jeunes ne trouvent pas la motivation pour étudier la langue d’amour et de la diplomatie. Pourtant, un étudiant brésilien sur quatre de ces qui reçoivent des bourses d'études choisissent la France comme pays de destination. La région francophone du Québec est également une destination majeure pour les étudiants brésiliens. Comme dans touts les rapports, celui-ci est aussi contradictoire.
Écrit par Frederico Licks Bertol, éditeur du www.correiointernacional.com